Un Noël à Meaux.

Publié le par Lhomville

"- Dis David tu crois qu’il tombera de la neige cette année ?
Pour Nicolas, petit bonhomme de 6 ans, qui d’autre que son grand frère peut répondre à cette question. C’est bien connu les grands frères ils savent tout. David à 13ans. Et pour le moment il est plus occupé à regarder les nouveaux jeux vidéo dans la vitrine du magasin de jouet.
- J’en sais rien moi. Je fais pas la météo.
Nous sommes le 22 décembre, il est 17h36, et il y a 10 minutes déjà que la maman des deux enfants les a envoyé chercher une baguette de pain à la boulangerie la plus proche. Chez Hardy, face à la fromagerie, dont les odeurs ont plusieurs fois soulevé le cœur de Nicolas alors qu’il passait devant avec sa mère ou son père.
Nicolas et son frère habitent à Meaux, au 7 rue de l’Arbalète, derrière le Majestique - le cinéma de la ville. Il y a une seule rue à traverser pour se rendre à la boulangerie.
Lorsque leur maman a demandé à David de lui rendre ce service, pour une fois celui-ci n’a pas fait le difficile. Il sait que Noël est dans quelques jours, et qu’il aura ce qu’il voudra, après avoir attendu toute une année. La boutique de jouet étant juste à coté de la boulangerie, il ne pouvait manquer l’occasion d’aller voir si il pouvait ajouter quelque chose à sa liste de cadeaux !
- Maman elle dit qu’il fait trop froid pour qu’il neige… mais moi je croyais que c’était quand il faisait très froid qu’il y avait la neige ! dit Nicolas.
- Trop fort ! Ils ont la nouvelle console Nintendo ! 
-… et la il fait froid !
- Ouai on s’ les caille même ! Allé viens on va chercher le pain…
- Ouai on « s’l’écaille » ! Répéta Nicolas, se demandant se que l’on pouvait bien « s’écailler », tandis qu’ils s’éloignaient des vitrines du magasin. 
Nicolas aime bien l’hiver, parce que les gens ressemblent tous à des grosses poupées de chiffons. Parfois on ne voit plus que leurs yeux.
Devant la boulangerie, là où s’assoit le clochard à qui la maman de Nicolas donne de temps en temps une pièce ou échange 2 ou 3 mots, un drôle de personnage bariolé et aussi grand que Nicolas à installé une table, qu’une grande nappe de velours rouge couvre jusqu’au sol. Dessus, un amoncellement d’objets hétéroclites…
Nicolas passe devant, regarde d’un air étonné. David lui ne semble pas y faire attention.
"- Santons made in China authentiques. Guirlandes en plumes d’oies sauvages. Bougies à la graisse de rennes. Hommes de pains d’épices chantants. Bûches en plastique thermo moulées. Moufles en poils de barbes du père noël… approchez mesdames et messieurs… » D’une voix rauque, qui sortait de derrière une grosse écharpe de laine rouge lui masquant en grande partie le visage, l’étrange petit personnage continuait de faire l’article – des objets pour le moins extraordinaires !
David entre dans la boulangerie sans voir que son petit frère s’est arrêté devant le stand du petit homme.
- Bonjour Monsieur. Vous laisseriez-vous tenter par cette merveilleuse réplique au 1/8eme du traîneau du Père Noël ? Ou bien par ces véritable cheveux d’anges en or 24 carats ?
Nicolas regarda derrière lui. Mais personne. C’était bien à lui que s’adressait le petit marchand.
- Alors qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?
- Je ne peux rien acheter je n’ai pas de sous ?
- Qui a parlé d’argent ? Vous aimeriez peut-être cette paire de bois ayant réellement appartenu à Rudolf, le célèbre rennes au nez rouge ? Ça en jette toujours accroché au mur du salon.
- heu…
- Ah ! Ne dites rien Monsieur ! J’ai exactement ce qu’il vous faut !
L’étrange petit personnage soulevant la nappe de velours rouge, tira un grand sac de sous la table, et s’y mit à y farfouiller.
- Non ce n’est pas ça… Ah ! Où l’ai-je mis… J’Y SUIS ! Tendez votre main.
Nicolas enleva ses gants, les mis dans ses poches, puis tendit sa main gauche à l’étrange petit homme. Celui-ci glissa dans la paume de Nicolas un petit objet, sur lequel il referma aussitôt les doigts de l’enfant. C’était froid comme un glaçon.
- Qu’est-ce que c’est ? demanda Nicolas.
- Il s’agit du premier flocon. Il vient du point le plus au nord du Pôle Nord. C’est un flocon magique.
Nicolas ouvrit sa main et y vit une petite étoile de verre (ou de cristal), attaché à un fil fin comme un cheveux.
- Pour l’utiliser tenez le par le crin de Rennes et faites le se balancer. Attention il ne peut servir qu’une fois.
Nicolas était émerveillé par la beauté de l’objet, même si il ne s’agissait que d’un bout de verre.
- Bon et maintenant qu’aller vous me donner en échange ?
- Je… 
- Ah ! J’oubliais vous n’avez pas d’argent Monsieur ! Et d’ailleurs je vous ai dit qu’il n’était pas question d’argent. Et Cela est toujours valable ! Qu’avez-vous dans votre poche gauche?
Nicolas mis sa main dans sa poche.
- J’ai un de mes gants, dit Nicolas tout en sortant la pièce de laine noire.
- UN GANT ? Mais c’est parfait. Je le prends ! Ne l’avait-il dit qu’il s’était déjà saisi du vêtement.
- Ravi d’avoir fait affaire avec vous très cher Monsieur. Passez une bonne soirée.
A ce moment là, David sorti de la boulangerie.
- Maman t’a déjà dit qu’il ne fallait pas que tu t’éloignes ! Je lui dirais que tu ne m’as pas attendu dans la boulangerie. Allé viens, on rentre…
Nicolas, suivit son frère, se gardant bien de lui dire le troc qu’il venait de faire avec le petit personnage. Il glissa le flocon machinalement dans la poche gauche de son manteau, là ou se trouvait il y a peu de temps encore son gant.





De retour à la maison, Nicolas monta dans sa chambre. Il sorti le flocon de sa poche et le cacha au fond du tiroir de sa table de nuit. La nuit qui suivit, Nicolas rêva d’une ville repeinte, pour les fêtes, tout en blanc : les toits noirs, les rues grises et boueuses, tout était d’un blanc immaculé. Le lendemain matin quelle ne fut pas sa déception quand il découvrit en tirant le rideau de sa chambre, la ville comme elle était la veille. Entre jeux et disputes avec son grand frère, la journée passa. Puis vint le 24 décembre.
- Noël c’est demain ! J’ai hâte d’ouvrir les cadeaux, dit David.
Nicolas regardait le ciel gris et cotonneux par la fenêtre. Dans la soirée, la maman de Nicolas, vint chercher les enfants pour sortir. Il fallait aller chercher grand-père et grand-mère à la gare.
- Où est ton autre gant Nico ? demanda maman. A ce moment là, Nicolas se souvint du flocon de neige.
- Il doit être dans ma chambre.
- Et bien va le chercher ! Et dépêches toi, on doit aller chercher tes grands parents.
Nicolas grimpa dans sa chambre, ouvrit le tiroir de la table de nuit, et pris le flocon. Il était aussi beau et froid que lorsqu’il l’y avait mis.
- Nicolas on y va !
Nicolas descendit les escaliers et rejoignit le reste de la famille.
- Et ton gant ?
- Je ne l’ai pas trouvé…
- Bon tant pis tu garderas tes mains dans les poches. On a plus le temps de chercher.
La famille se mit en marche à travers la ville, sous les guirlandes et les décorations électriques.
Arrivés à la gare, les grands-parents de Nicolas sont là ! Ils viennent juste d’arriver. Embrassades de rigueur :
- Comment vas-tu poussin ? demanda Grand-mère. Mais tu n’as pas mis tes gants ? Tu vas avoir froid au mains.
- Je ne peux plus les mettre ! Je n’en ai plus qu’un.
- Tu as perdu l’autre dans la coure d’école ?
- Non je l’ai échangé ! Contre ça ! Regarde comme c’est beau !
Grand-mère pris l’étoile de verre que lui tendait son petit-fils.
- Mais qu’est-ce que c’est ?
- C’est le premier flocon. Il est magique.
- Ah bon ? Et que fait-il ce joli pendentif ?
Nicolas pris le flocon par le crin de renne, et commença à le faire se balancer, comme le Professeur Tournesol le faisait avec son pendule. Dans la seconde qui suivi un flocon de neige évanescent vint embrasser la joue de grand-mère.
- Tiens ! Ils n’avaient pas prévu de neige, dit grand-père.
- Dépêchons-nous de rentrer. Du vin chaud et un bon repas nous attendent à la maison, repris maman.
- Et bien dis moi et où l’as-tu eu ce flocon ?
- C’est un petit bonhomme avec une grosse écharpe rouge. Et…
- Ne faisons pas attendre les autres, chéri ! Tu me le raconteras sur le chemin.
Le 25 au matin, avant même de descendre voir les cadeaux sous le sapin, Nicolas tira le rideau de la fenêtre de sa chambre. Dehors, la rue était recouverte d’un lourd manteau blanc de neige.

 

Publié dans Nouvelle

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F
Très joli conte de Noël blanc :)<br />  <br /> Mais qui connait encore les Noël blanc de nos jours, cette année la météo annonce même soleil un peu partout !! Joyeux Noël malgré tout qui sait si le flocon tournant ne se transformera pas en blanc manteau ^_^
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